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Analiz

Déclaration de Serge Sinamalé à la conférence des dernières colonies françaises (1985)

Voici une déclaration de l’indépendantiste progressiste Serge SINAMALÉ, militant du M.I.R. (Mouvement Indépendantiste Réunionnais)  en avril 1985 dans le cadre la conférence internationale des dernières colonies françaises, en Guadeloupe. Ce texte est issu d’un recueil des discours des différents représentants d’organisations présentes à cette conférence.
Que l’on soit indépendantiste ou pas, ce document est intéressant dans la mesure où il livre un état des lieux objectif sur la situation de la Réunion après plus de 300 ans de système colonial. C’est un état des lieux fait il y a bientôt 30 ans, qui mériterait donc une petite actualisation, mais qui est d’autant plus éclairant que certains faits cités se sont encore aggravés aujourd’hui.
J’ai modifié un peu la mise en page ainsi que la syntaxe à certains endroits pour une lecture plus facile. Les éléments entre crochets sont des ajouts de ma part.

DÉCLARATION DE S. SINAMALÉ (Réunion)

Chers Invités, chers Amis, Frères de combat,

Le M.I.R. adresse ses fraternelles salutations à tous les membres de cette conférence historique.
Le M.I.R. remercie les camarades de l’U.P.L.G. [Union Populaire pour la Libération de la Guadeloupe] qui ont tout mis en œuvre, malgré les intimidations et les difficultés de toutes sortes, pour faire de cette conférence internationale un succès.
C’est avec une profonde émotion que le M.I.R. salue le représentant du F.L.N.K.S. [Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste] ici présent. A travers lui, le M.I.R. salue le peuple Kanak qui depuis le 18 novembre 1984 connaît l’horreur de l’occupation française comme au premier jour de la colonisation en 1853.

Le M.I.R. flétrit l’odieux crime que commettent le gouvernement français et ses représentants qui n’hésitent pas à assassiner les héros du peuple kanak qui sont aussi les nôtres.
Le M.I.R. s’incline devant la mémoire d’Éloi Machoro, de Marcel Nonnaro et des autres martyrs kanaks.

Chers Amis, Frères de combat,

Comme les kanaks, les guyanais, les martiniquais, les guadeloupéens, les ouvriers réunionnais ne sont pas restés sourds à l’appel de leurs frères d’Asie, d’Afrique et d’Amérique Latine qui se sont dressés contre leurs impérialismes respectifs pour leur émancipation, pour la liberté et la dignité.
Aujourd’hui plus qu’hier les patriotes réunionnais veulent assumer l’héritage légué par leurs glorieux ancêtres Anchaing, Cimendef… par tous les hommes et femmes qui, durant la longue nuit coloniale se sont dressés contre l’injustice, le vol, le pillage, contre l’arbitraire du pouvoir colonial, pour la libération nationale.
Frères,
Comme pour les autres DOM-TOM, la Réunion n’est pas la France.
Chers Amis, chers Frères de combat,
Permettez-moi, avant d’aborder la réalité coloniale de la Réunion, de faire un bref historique de la formation du peuple réunionnais et de la nation réunionnaise.

LA REUNION, UN PEUPLE, UNE NATION
Le développement historique de la société réunionnaise est marqué par trois périodes :
– La période esclavagiste qui s’étend de 1663, date de l’arrivée des premiers habitants dans l’île, à 1848, date de l’abolition de l’esclavage
– La seconde période qui va de 1848 à 1946 est marquée par le phénomène des engagés venus de l’Inde et de l’arrivée de deux nouvelles communautés : chinoises et musulmanes.
– Enfin 1946 qui marque l’ère de la départementalisation, nouvelle forme juridique et administrative de la colonisation.

A. La période coloniale et esclavagiste

C’est en 1663 que l’île de la Réunion est occupée définitivement. A cette date le colonialisme français y installe deux colons blancs avec dix esclaves malgaches. Ces esclaves se révoltent contre leurs maîtres et se réfugient dans les hautes montagnes à l’intérieur de l’île. Ils inaugurent ainsi la principale forme de lutte des esclaves : le marronnage.
Avec le plan de colonisation de 1717, la traite des Noirs est organisée systématiquement sur une grande échelle. Le nombre des esclaves arrachés sur les côtes de Madagascar, d’Afrique Orientale et même périodiquement sur les côtes d’Afrique Occidentale augmente très rapidement pour constituer  à la fin du 18ème siècle 80 % de la population.
Pendant toute cette première période les esclaves refuseront la domination des blancs. Beaucoup s’enfuiront, s’organiseront dans les camps et en opposition au système de servitude imposé par le colonialisme français, ils donneront naissance sur les hauteurs de l’île à une nouvelle société basée sur l’égalité et la liberté. Une lutte acharnée s’engagera entre les deux formes de société. Les blancs organiseront des milices chargées de démanteler les camps et d’exterminer les marrons.
De leur côté, les esclaves se donneront comme but d’en finir avec la domination des blancs et la libération de l’île afin d’instaurer un régime basé sur l’égalité et la liberté. Cette lutte menée pendant plus d’un siècle et demi a été l’un des facteurs essentiels qui a conduit à l’abolition de l’esclavage le 20 décembre 1848.
Parallèlement au marronnage se développe, avec la transformation de la Réunion en île à sucre, la prolétarisation d’une très forte proportion de blancs. C’est le phénomène des ‘petits blancs’ ou blancs pauvres. Ces petits blancs, sans terre et sans esclave se réfugient dans les hauts de l’île et tentent de subsister en pratiquant une agriculture vivrière.
En 1848, les 2/3 de la population blanche sont constitués de ‘petits blancs’.
A cette date la répartition de la population réunionnaise est la suivante : sur 110.000 habitants, 60.000 sont esclaves, 8.000 affranchis, 28.000 sont des petits blancs (et 14.000 gros blancs)

B. La période coloniale, semi-féodale et semi-capitaliste

L’esclavage a été aboli mais il n’y a pas eu de transformation radicale de la société réunionnaise. Sur 60000 esclaves affranchis, plus de la moitié quitteront les terres de leurs anciens maîtres et iront rejoindre les petits blancs sur les hauteurs de l’île où ils partageront une existence misérable. Les besoins en main d’œuvre pousseront les gros propriétaires à développer la politique des engagés. De 1848 [à ?] ce sont 20.000 malgaches et africains qui seront recrutés.
[De 1848 à 1882, 40.000 engagés africains, comoriens et malgaches sont introduits à la Réunion. Voir texte de l’historien Sudel FUMA : « le servilisme à la place du concept d’engagisme pour définir le statut des travailleurs immigrés ou affranchis après l’abolition de l’esclavage en 1848. »]

A la fin du 19ème siècle, plus de 100.000 indiens venus de l’État de Madras se sont implantés dans l’île. Ces hommes et ces femmes engagés sous contrat, remplaceront les esclaves sur les terres et constitueront la main d’œuvre salariée des usines sucrières. Ils connaîtront des conditions d’existence pénibles souvent pires que celles des esclaves. La nouvelle traite étant interdite à partir de 1882, le lobby du sucre, la poignée de gros propriétaires blancs trouveront un palliatif dans un nouveau mode de faire valoir féodal : le colonat partiaire.
Les anciens esclaves affranchis, les immigrés indiens, les petits blancs travailleront les terres les plus arides, moyennant la redevance d’un tiers des récoltes des propriétaires.
Le propriétaire assure la paternité de l’exploitation, tandis que les colons [les « ti colon », soumis au régime du colonat]  sont condamnés à rester des êtres inférieurs, incapables de prendre des décisions, subissant le joug du propriétaire. Ce mode de faire valoir subsiste encore aujourd’hui, mais il est en passe de disparaître.
Ainsi, paradoxalement, au cours de cette deuxième période de notre histoire, se développe simultanément des rapports de production capitalistes et féodaux.
Cette deuxième période se caractérise aussi par l’arrivée, à partir de la deuxième moitié du 19ème siècle, des deux communautés qui peupleront l’île : les chinois et les indiens musulmans.
Les chinois originaires de Canton et des provinces du Nord de la Chine se disperseront dans l’île et assureront le commerce du détail.
Les indiens musulmans, originaires en majorité du GUJARAT, se localiseront presque uniquement en ville et contrôleront le commerce de tissus.

C. La période coloniale et capitaliste

Cette troisième période aboutit à la situation coloniale qui est celle de notre pays aujourd’hui.
Elle se caractérise par le développement des structures capitalistes tant dans le domaine industriel que commercial et agricole.
Cependant, il existe encore des vestiges du passé esclavagiste et féodal surtout au niveau de l’agriculture.
La départementalisation entraînera une offensive du colonialisme français au niveau culturel et politique. Tous les moyens seront utilisés pour dépersonnaliser et assimiler les réunionnais afin de contrer sa prise de conscience nationale. En conclusion, l’histoire de la Réunion n’est aucunement réductible à celle de la France.
Au cours de ces trois siècles de domination coloniale, les différents groupes ethniques arrachés à leur terre natale, subissant la dépersonnalisation, l’assimilation à outrance, connaissant les mêmes injustices et la même exploitation ont formé un peuple : LE PEUPLE RÉUNIONNAIS.
Malgré les diversités culturelles qui subsistent encore entre ces différents groupes qui composent notre peuple, l’ensemble des réunionnais ont une même langue ; la langue créole, et une culture commune.
Les réunionnais font partie d’une même communauté, possèdent une même terre natale, et subissent la même loi de l’HISTOIRE. Ethniquement, historiquement, culturellement, la nation réunionnaise est différente de la nation française.
Chers frères de combat,
Depuis le début du peuplement de notre pays, la Réunion a été et demeure une colonie de l’impérialisme français.
Cette réalité fondamentale est le facteur dominant de toute notre histoire. Les orientations économiques de notre pays ont toujours été prises en fonction des besoins et des intérêts de l’impérialisme français.

Ainsi de 1715 à 1765 ce fut l’ère du café
A cette époque la mode en France était de consommer exotique. Notre pays a été obligé de produire du café et des épices.

De 1765 à 1820 elle fut le grenier des Mascareignes
Les colonialistes français et anglais se battent dans l’Océan Indien pour leurs intérêts dans les colonies. La Réunion est désignée comme base de ravitaillement pour la flotte française. La France nous oblige donc à arracher le café et à planter du blé, du riz et des grains.

De 1820 à nos jours, c’est l’ère de la canne à sucre
La guerre terminée, la France n’a plus besoin de ravitailler sa flotte. D’autre part, les esclaves de Saint-Domingue arrachent leur indépendance, la France perd ainsi son principal fournisseur du sucre. Elle impose à la Réunion la culture de la canne à sucre.
Si demain l’impérialisme français a besoin d’une autre production, il nous obligera certainement à arracher la canne.

D. Quelle est la situation actuelle de notre pays ?

Examinons brièvement la situation économique :

1. Notre pays est dominé par les monopoles de l’impérialisme français.

Les banques, les sociétés d’assurances, les sociétés d’import-export, les sociétés de construction et de travaux publics, les société de transport aérien et maritime sont entre les mains des monopoles français.
Frappé par la concurrence des monopoles, des milliers de petits commerçants et artisans sont ruinés.

2. Notre pays est entre les mains de grands propriétaires féodaux.

12 grandes familles possèdent plus de la moitié de la Réunion. Sur 100 planteurs, 92 exploitent seulement 20 % de la SAU tandis que 2 autres en exploitent 70 %.
Cette tendance à la concentration des terres dans les mains d’une poignée de gros blancs s’accentue.
La conséquence est l’élimination progressive des petits et moyens producteurs qui vont grossir la masse déjà énorme des chômeurs. (14.000 ont disparu entre 1973 et 1981).

3. La Réunion est un pays de monoculture de la canne.

Sur 65.0000 ha cultivés ; 37.760 sont plantés en canne à sucre, soit 70 % de terres cultivées.
La production sucrière représente aujourd’hui 60 % de la valeur totale de la production réunionnaise.
Les autres cultures industrielles (géranium, vétiver, vanille, tabac) sont destinées aussi à l’exportation et ne représente que 4 % de la valeur de la production agricole réunionnaise.

4. La Réunion est un marché privilégié pour l’impérialisme français.
Ne produisant pas ce que nous consommons, nous sommes obligés d’importer de France tous les produits dont nous avons besoin. L’impérialisme français profite du monopole colonial pour acheter à bas prix nos produits et pour nous imposer à prix fort ses produits manufacturés. La balance commerciale est de plus en plus déficitaire. Le taux de couverture ne représente que 10 % (1983)

5. La Réunion est un réservoir à main-d’œuvre à bon marché.

En 1963, la France a créé un organisme spécial, le BUMIDOM (A.N.T)  pour vider notre pays des forces vives. Chaque année, 4.000 à 5.000 réunionnais sont expatriés en France.
Actuellement, ils sont plus de 150.000 dont la majeure partie vit dans des conditions pénibles. Ils subissent le racisme, l’exploitation, connaissent le chômage. Certains, même, sont amenés à se prostituer ou à se suicider.

6. La Réunion est un pays ou l’aide française se transforme en capitaux privés français.

Sur les 4 milliards 708 millions de francs qui sont déversés en 1982 par la France sous forme d’aide, plus de 4 milliards sont retournés en France dans les poches des capitalistes français.

7. La Réunion est un pays sous-développé.

Pour conserver son monopole économique, sa domination politique et culturelle, l’impérialisme français étouffe toutes tentatives de développement économique de notre pays.

E. Situation politique

L’impérialisme français nous impose sa loi. Toutes les décisions concernant notre pays sont prises par le gouvernement de l’impérialisme français.
Sur place, tous les pouvoirs sont légués à un super-préfet, véritable gouverneur colonial. Munis de pouvoirs spéciaux, il est chargé d’imposer aux réunionnais les décisions de Paris.
Le Conseil Régional et le Conseil Général n’ont aucun pouvoir de décision. L’administration est sous le contrôle direct du Préfet, de la D.S.T, et des R.G.
Pour mener sa politique réactionnaire, l’impérialisme français s’appuie sur la grande-bourgeoisie locale (usiniers, gros propriétaires fonciers et gros commerçants). Ces individus, non seulement détiennent avec les capitalistes français l’économie du pays, mais ils se retrouvent à tous les niveaux dans l’appareil politique.
Quand aux fonctionnaires ils constituent la base sociale de l’impérialisme français.
Militaires, policiers, C.R.S., gendarmes, nervis pullulent dans notre pays et assurent le maintien de l’ordre colonial. Ils sont là pour casser du créole. La plus petite manifestation populaire est sauvagement réprimée. Les tribunaux, les casernes, se multiplient dans le pays.

F. Base militaire

L’impérialisme français a transformé notre pays en une base militaire d’agression et de repli.
4.000 militaires français stationnent dans notre pays. L’île est semée de casernes, de camps militaires, et de terrain d’entraînement.
Une station militaire franco-américain OMEGA fait de notre pays un maillon du système américain de radio-navigation qui fonctionne à l’échelle mondiale.
L’armée française basée à la Réunion a une double mission :
– mater toute tentative de révolte de la part du peuple réunionnais.
– intervenir contre les peuples progressistes de la réunion de l’Océan Indien et d’Afrique pour sauvegarder les intérêts de la France impérialiste. Les mercenaires qu’on retrouve au Liban, au Tchad, au Zaïre sont formés à la Réunion.
Périodiquement, notre pays est le théâtre de grandes manœuvres de débarquement et d’opération anti-guérilla.

G. Coopération régionale

La France utilise notre pays comme la vitrine de l’Europe dans l’Océan Indien. La Réunion est un ‘porte-avion’ pour la pénétration de l’impérialisme français dans la Région, où l’occident voit son influence diminuer. Qui tient l’Océan Indien, tient le cœur du monde disait quelqu’un. En effet, l’Océan Indien baigne 37 États indépendants où vivent 1.400.000.000 hommes, soit le tiers de l’humanité. Cette coopération régionale profite surtout à l’impérialisme français.

H. Situation sociale

1. Le chômage

Pour une population de 542.000 habitants, 80.000 personnes sont sans emploi.
Une personne sur deux en âge de travailler est au chômage. Le pouvoir colonial organise le chômage pour contraindre la jeunesse réunionnaise, force vive de la nation, à s’exiler en France.
Le but étant :
– de vider l’île de son potentiel révolutionnaire
– de changer le rapport numérique des communautés par l’immigration massive des zoreys et des ressortissants d’origine étrangère ayant la nationalité française (indiens musulmans de Madagascar, Pondichéryens, etc…). Créant ainsi vers l’an 2000 une situation à la calédonienne. La France exporte chez nous ses clochards, ses drogués, ses prostituées, ses gangsters et ses escrocs.
– permettre à l’impérialisme français de se débarrasser de ses éléments indésirables. Le Réunionnais se retrouvera minoritaire dans son propres pays.
– profiter d’une main d’œuvre à bon marché comprenant tant bien que mal le français, et tenue à exécuter n’importe quel travail.
– empêcher la fuite des devises françaises vers les autres pays fournisseurs de main-d’œuvre (Portugal, Espagne, Afrique du Nord, etc…).

2. La misère

La concentration des terres et des usines, la mécanisation de l’agriculture, l’augmentation de coûts de production ruinent les petits et moyens planteurs. Des milliers de gens sont obligés de quitter la campagne et de s’entasser dans les bidonvilles où règnent la misère et la maladie.

3.  L’assistance

Pour empêcher l’explosion inévitable et maintenir la misère des masses à un niveau juste supportable, le pouvoir colonial a recours à une politique d’assistance (réclamée par tous les partis).
Pour survivre, le travailleur réunionnais est obligé d’accepter l’aide sous différentes formes.
La conséquence tragique, c’est que le réunionnais a pris l’habitude de résoudre ses problèmes en fonction de l’aide du gouvernement colonialiste français. Petit à petit, prend naissance chez lui le sentiment qu’il ne pourrait pas vivre sans cette aide, donc sans la FRANCE.

4. Luxe insolent pour une poignée de gens

Dans notre pays, il y a deux mondes qui vivent face à face. Si l’exploitation coloniale de notre pays par l’impérialisme français accule notre peuple à la misère, il existe une poignée de gens qui tirent profit de cette situation.
En effet, un petit nombre de familles riches, descendants de colons-esclavagistes détiennent plus de 60 % des meilleures terres cultivées et possèdent en même temps les quelques industries existantes.
D’autre part, pour assurer la rentabilité de son marché, le colonialisme a créé artificiellement une couche moyenne, grassement payée, assurée d’une certaine aisance, fière des attentions du régime, prête à toutes complicités et trahisons.
Ce sont les médecins, pharmaciens, dentistes, commerçants et fonctionnaires.
Cette grande et moyenne bourgeoisie vivent dans un luxe insolent et sont entièrement coupées des masses laborieuses. Ces gens mangent à l’Européenne, s’habille à la dernière mode de Paris, changent de voiture chaque année, passent leurs vacances à l’étranger.
Cette couche de privilégiés, par son genre de vie, intoxique tout le peuple réunionnais, en y développant des habitudes, des goûts et des mœurs européens, et accentuent ainsi le déséquilibre social.

I. Situation culturelle

A la Réunion, l’école colonialiste, les mass-médias et les églises ont pour rôle principal  la dépersonnalisation et l’assimilation des réunionnais.
L’école colonialiste proclame la supériorité du colonisateur, et l’infériorité éternelle du colonisé. Elle nourrit les esprits des valeurs morales et culturelles de la civilisation de l’impérialisme français.
Elle nie l’existence d’une culture réunionnaise.
A l’école primaire, le petit réunionnais apprit que ses ancêtres étaient des gaulois. On meuble son imagination de neige, de châteaux, de cathédrales. Quand on lui enseigne l’histoire de son pays, c’est pour lui apprendre les bienfaits de la compagnie des Indes, de tel ou tel gouverneur, de tel ou tel gros propriétaire esclavagiste.
Selon l’école colonialiste, les marrons étaient des sans foi ni loi, c’étaient des brigands haïs et bannis par le peuple, alors qu’ils avaient osé se révolter contre la domination du blanc pour la liberté et la dignité.
Le colonisateur et ses valets réduisent notre langue au niveau de patois, notre culture au niveau de folklore.
Ces deux réalités font que l’enfant et l’étudiant réunionnais disposent d’un enseignement inadapté à leur personnalité : cela explique en grande partie l’état catastrophique dans lequel se trouve l’enseignement et le malaise dans le milieu étudiant.

Chers amis, chers frères de combat,
Que ce soit dans le domaine économique, politique et social ou culturel, la réalité réunionnaise est une réalité coloniale. La contradiction principale de notre société se situe entre le peuple réunionnais et l’impérialisme français.
Tout changement est impossible, tant que la France demeurera présente dans notre pays, et ceci quelque soit le gouvernement français en place.
Pour finir avec la domination et l’exploitation coloniales, pour sortir notre pays de son sous-développement, pour permettre l’épanouissement d’une culture authentiquement réunionnaise, il est nécessaire d’expulser de notre sol l’impérialisme français et ses valets locaux. Il est indispensable de créer un état réunionnais, libre, indépendant, et souverain.
Sur le plan INTERNATIONNAL, la Réunion indépendante et souveraine pratiquera le NON ALIGNEMENT actif et œuvrera pour une communauté Indiano-Océanique, au sein de laquelle les liens seront basés sur le respect réciproque de la souveraineté des États membres et sur la solidarité.
Les liens avec le peuple de France seront débarrassés de leur contenu de domination et la coopération entre les deux pays sera renforcée.
La lutte du peuple réunionnais se confond avec celle de la NAMIBIE, et des autres peuples du sud, et du continent africain pour se débarrasser du régime odieux de l’apartheid, du joug des divers impérialismes.
La Réunion indépendante participera à toutes les rencontres internationales, visant à faire de l’OCEAN INDIEN une ZONE DE PAIX, c’est-à-dire sans base militaire, sans flotte de guerre opérationnelle dans la région.
Nous, les indépendantistes réunionnais, nous sommes fiers de ne plus être les oubliés de la décolonisation et d’avoir rejoint le rang de tous ceux qui luttent pour la libération de leur patrie et l’émancipation de leur peuple.
Malgré les difficultés, les trahisons, la répression,
Malgré l’assimilation, et les conditions de toutes sortes,
Malgré le chantage, l’assistance, la corruption,
Malgré le contexte régional défavorable dû aux intrigues de l’impérialisme français avec les gouvernements des États voisins, les patriotes réunionnais, stimulés par la lutte des peuples frères des soi-disant ‘DOM-TOM’, ne reculeront devant aucun sacrifice pour libérer la Réunion du joug colonial.

VIVE LA SOLIDARITÉ DES PEUPLES FRÈRES DES DERNIÈRES COLONIES FRANÇAISES
VIVE LA SOLIDARITÉ DE TOUS LES PEUPLES EN LUTTE CONTRE LA COLONISATION
ET LA NEOCOLONISATION ET POUR LA LIBERTÉ ET LA DIGNITÉ
VIVE LA CONFÉRENCE DES DERNIÈRES COLONIES FRANÇAISES

SINIMALE Serge