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Kozman

Le mépris pour les Réunionnais de l’Hexagone dans la commémoration du 10 mai 2014 ?

Texte de notre défunt historien Sudel Fuma daté du 14 mai 2014. 

Le mépris pour les Réunionnais de l’Hexagone dans la commémoration du
10 mai 2014 ?

Depuis le 10 mai 2006, l’État, à travers son plus haut représentant le président de la République, honore l’histoire de l’île des départements d’outre-mer en organisant une célébration officielle à Paris dans le jardin du palais du Luxembourg où une stèle mémoire réalisée par un artiste des Caraïbes rappelle la douloureuse histoire de nos ancêtres esclaves. Cette manifestation nationale qui prend appui sur la loi Taubira du 23 mai 2001 qualifiant l’esclavage de crime contre l’humanité revêt une grande importance pour les Français de l’Hexagone et pour leurs représentants associatifs et politiques ; ces derniers ayant l’occasion d’adresser un message de solidarité aux Français de l’outremer spoliés par le système colonial, l’esclavage et ses formes d’asservissement dérivées. François Hollande, le président de la République, n’a pas dérogé à la règle mise en œuvre par Nicolas Sarkozy en 2007 qui lui-même avait invité l’ancien président de la République Jacques Chirac Jacques Chirac à ses côtés lors de la première manifestation officielle le 10 mai 2007.
J’ai eu l’occasion d’assister à deux célébrations officielles à Paris depuis la première commémoration ayant été invité au titre de directeur de la Chaire Unesco par le ministère des départements d’outre-mer. Quelle ne fut pas ma surprise de me retrouver parmi une pléiade de représentants d’associations antillaises, de personnalités martiniquaises, guadeloupéennes, guyanaises et africaines ! Un ou deux Réunionnais bien placés dans le réseau antillais dans ce célèbre jardin du Sénat étaient présents, difficiles à identifier dans la marée de personnalités antillaises et presque honteux d’être les privilégiés du président de la République… Maryse Condé étant à l’époque en 2007 la présidente du Comité national pour la mémoire de l’esclavage, j’avais déduit que sa personnalité et son réseau expliquaient la participation nombreuse des compatriotes antillais. Avec son remplacement par la Réunionnaise Françoise Vergès à la tête du comité national pour la mémoire de l’esclavage quelques années plus tard, la situation n’avait guère évolué… Peu de représentants associatifs réunionnais à Paris pour le jour de la commémoration ! Peu de représentants politiques ! J’avais eu cette impression que les Réunionnais boudaient leur propre histoire, leurs propres ancêtres, ne voulant pas cette réparation morale que leur proposer l’État français à l’occasion de cette journée du souvenir. Erreur ! Double erreur ! En interrogeant les représentants associatifs de la diaspora réunionnaise à Paris, j’ai eu la première explication à cette situation paradoxale. Ils ne sont pas dans le réseau du Ministère des départements d’outre-mer qui privilégie les amis et les connaissances des hauts fonctionnaires et des personnalités politiques antillaises surreprésentés dans les ministères et la mairie de Paris. Quelques cartons d’invitation pour la forme sont envoyés symboliquement à des Réunionnais… On prend souvent pour prétexte que les Réunionnais sont timides, qu’ils n’aiment pas faire de la figuration et que l’histoire de l’esclavage subie par leurs ancêtres est à l’origine de leur effacement au plan national. Faux ! Ils sont fiers de leur histoire et preuve en est, ils ont commémoré dignement le 20 décembre 2013 où ils étaient plus de 500 à La Mairie de Paris à l’initiative du Conseil Général de La Réunion, mais ils sont broyés au plan national par un puissant lobby antillais qui s’est installé en France métropolitaine depuis l’abolition de l’esclavage. Je n’accuse surtout pas l’ensemble de nos compatriotes antillais, frères d’une d’histoire coloniale faite d’injustices et de souffrances, d’être à l’origine de cette discrimination. Mais j’accuse l’État français de ne pas rétablir l’équilibre, d’être complice de ce manque de considération, voire même d’être infiltré dans ses plus autres sphères par le réseau antillais. Pourquoi nos parlementaires n’étaient-ils pas présents aux côtés du président de la République le 10 mai 2014 ? Pourquoi n’a-t-on pas à ce jour un ministre réunionnais dans le gouvernement de la France ? Nous représentons le département le plus peuplé de l’outremer français et pourtant nous sommes ceux qui sont le plus déconsidérés… Le discours du 10 mai 2014 de François Hollande en est la preuve ! Le Président de La République ne tarit pas d’éloges sur les combattants de la liberté de l’espace caribéen : Toussaint-Louverture, Delgrès, et Aimé Césaire… Il est les citent ! Ils les honorent et donnent la fierté par sa parole officielle aux Antillais présents et à tous ceux qui ont suivi la célébration officielle retransmise à la télévision…
Où est La Réunion dans son discours ? Aucune place dans pour Elie, exécuté avec ses compagnons martyrs pour avoir revendiqué la liberté la liberté lors de la grande révolte des esclaves en 1811 à Saint-Leu de l’île de la Réunion, pour Cimendef, pour Maffack, pour Dimitil ! Une toute petite allusion pourtant aux marrons de nos montagnes et c’est suffisant pour dire qu’il n’a pas oublié La Réunion ! À qui la faute ? La question reste posée… Probablement aux hauts fonctionnaires de l’État qui ont rédigé son discours, conseillés par ceux du ministère de l’Outremer qui ont une faible connaissance de l’histoire de l’océan Indien. Peut-être aussi à nos politiques Réunionnais, mais ont-ils été invités ? Peut-être aussi à notre diaspora réunionnaise, mais a-t-elle les moyens de prendre sa place au plan national ? Avoir clairement conscience de cette situation, c’est déjà nous préparer à réagir et non pas continuer à subir…

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